On me disait, il y a peu, qu’il y a, dans nos églises, des femmes battues par leur mari, mais que le sujet est écarté comme si personne ne le savait. Je l’avoue, je ne peux pas imaginer que ce soit vrai.
Mais il y a tant d’autres choses, peut-être tout aussi graves et que nous ignorons.
Bien sûr, le fait d’assister régulièrement au culte hebdomadaire ne fait pas de nous des êtres parfaits. Mais y a-t-il véritable appartenance à Jésus-Christ si le comportement n’a pas été transformé ?
Il y a quelques jours seulement, quelqu’un me disait avoir quitté une église où l’on ne disait que ce qui peut plaire à tout le monde. Jamais on n’avais dit que l’on peut se croire chrétien et en être loin. Heureusement, elle se trouvait dans une une autre, on on n’hésitait pas à le dire et même, par exemple à dénoncer l’homosexualité. En reste-t-il beaucoup ? Je crains que non. Et je pensais à une autre où la même politique est utilisée par peur de perdre des membres. Cela ne semble pas marcher… ils sont réduits à moins de dix membres au culte !
Je n’ai plus la responsabilité d’une église, mais j’’aimerais, ce matin toucher une question qui me semble particulièrement importante : Croit-on encore au Diable ?Jésus l’a dénoncé comme étant le menteur. Lisons le texte (c’est en Jean 8, le verset 44) :
Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds : car il est menteur et le père du mensonge.
A-t-on vraiment Dieu pour Père ? Ils le pensaient à tort ceux à qui Jésus parlait ! Si notre Seigneur peut ainsi dénoncer l’Adversaire, ce n’est pas seulement parce qu’il est, lui, le Fidèle et Véritable, nom qui lui est donné lors de la vision de son retour victorieux (en Apocalypse 19.11), mais parce que celui qui croit en Lui doit et peu échapper à son influence. Paul s’en fait l’écho lorsqu’il écrit aux Éphésiens (4.17-25) :
Voici donc ce que je dis et que je déclare dans le Seigneur, c’est que vous ne devez plus marcher comme les païens qui marchent selon la vanité de leurs pensées. Ils ont l’intelligence obscurcie, étant rendus étrangers à la vie de Dieu à cause de l’ignorance qui est en eux, à cause de l’endurcissement de leur cœur. Devenus insensibles, ils se sont livrés à la débauche pour commettre toute espèce d’impureté jointe à la cupidité. Mais vous, ce n’est pas ainsi que nous avez appris le Christ, si, du moins vous l’avez entendu lui-même, et si, conformément à la vérité qui est en Jésus, c’est en lui que vous avez été instruits à vous dépouiller, eu égard à votre conduite passée, du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses, à être renouvelés dans l’esprit de votre intelligence, et à revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu, dans une justice et une sainteté de la vérité. C’est pourquoi, vous étant dépouillés du mensonge, que chacun parle selon la vérité à son prochain, car nous sommes membres les uns des autres.
Le texte est un peu long, mais c’est une seule et même pensée qu’il n’était pas possible de scinder. Ce que Paul dit, c’est que le chrétien, normalement, a appris du Christ lui-même à se dépouiller, se dévêtir du vieil homme pour revêtir l’homme nouveau. Le vieil homme, c’est celui qui a pour père le Menteur. Le nouvel homme c’est le Christ créé en nous. Ce double mouvement : dépouillement et revêtement est la transformation que Dieu opère. Mais il doit avoir comme résultat que nous nous dépouillions du mensonge, c’est-à-dire des pratiques que notre vieil homme avait héritées du diable, son père. Cela, c’est à nous qu’il appartient de le vouloir et de le faire. Ces pratiques du vieil homme, Paul les résume ainsi en deux mots : le mensonge. [Si nous en avions le temps, nous pourrions sans peine montrer que tout péché est mensonge ; que tous reposent sur une illusion dont nous sommes les objets de par l’action de l’Ennemi. Mais sans doute en êtes-vous conscients.] Paul ne dit pas simplement : « cessez de mentir les uns aux autres », mais plutôt : « parce que vous étant dépouillé du mensonge, dites la vérité, ou : parlez selon la vérité les uns aux autres ». Nul homme n’est capable de parler selon la vérité d’une façon habituelle, s’il ne s’est pas débarrassé du mensonge. Et personne ne peut se débarrasser du mensonge étroitement lié au vieil homme, s’il n’a pas été dépouillé du vieil homme et n’a pas revêtu l’homme nouveau. Et Romains 6 nous a appris que nous ne pouvons nous savoir libérés du vieil homme que si nous nous reconnaissons comme morts avec le Christ. Ce sont les versets 5 & 6 : …nous sommes devenus une même plante avec Christ… sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui.
Mais il me semble nécessaire de faire un retour en arrière jusqu’à la loi de Moïse. Que dit-elle ? Tout le monde connaît le commandement : Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain. J’ai plus d’une fois été étonné, voire troublé de ce que le commandement ne vise que le faux témoignage, c’est-à-dire le mensonge qui a pour but de faire du tort à un innocent. Pourquoi Dieu n’a-t-il pas dit, dès le commencement : « tu ne mentiras point » ou « tu diras toujours la vérité » ? J’ai fini par comprendre quand il m’est apparu clairement que l’on ne demande pas la même chose d’un tout jeune enfant que d’un adulte. Pourrait-on lui demander, par exemple, de manger proprement avec le couteau et la fourchette comme l’étiquette le demande d’un adulte ?
Ne nous empressons pas d’en conclure que mentir pour se tirer d’affaire quand cela ne porte pas conséquence au prochain serait sans gravité. Nous ne sommes plus sous la loi de Moïse mais sous celle du Christ. Et, dois-je le rappeler ? la différence est considérable. Il disait : Vous avez entendu qu’il a été dit… mais moi, je vous dis.. Et selon sa loi à lui, un regard de convoitise est aussi coupable que l’adultère, une insulte autant qu’un assassinat.
Justement, c’est dans le même discours, semble-t-il, que Jésus a prononcé ces mots : Que votre parole soit oui, oui, non, non ; ce qu’on ajoute vient du Malin (Mtt 5.37).
Bien sûr, aucun de nous n’en viendrait à dire un faux témoignage… je ne dirai rien de la médisance : j’imagine que nous en avons tout autant horreur ! Mais la médisance fait parfois autant de tort qu’un faux témoignage, même quand elle n’ajoute rien de mensonger. Et, à propos d’ajouter… J’ai longtemps combattu la tentation d’ajouter quelque détail qui, malgré moi, enjolivait tel épisode de vie rapporté dans la prédication. Que de fois, j’ai dû m’en humilier devant le Seigneur. Pas un mensonge, notez bien, mais un petit arrangement de rien du tout ! Seulement, mon oui était-il encore oui. Jésus disait sans nuance : ce qu’on ajoute vient du malin.
Il y a bien des manières de mentir. Réutiliser un timbre poste qui a échappé à l’affranchissement, par exemple. N’est-ce pas faire croire que l’on paie le port alors qu’on ne le paie pas ?
Tricher dans la déclaration d’impôt, n’est-ce pas mentir ?
J’étais étudiant à l’Institut Biblique, quand, sans le savoir, le directeur de l’œuvre m’a donné la meilleure leçon d’honnêteté. C’était à Bruxelles où il existait pour les tramways ― et existe peut-être encore ―, des cartes de transports munies de cases, chacune correspondant à un trajet. Le contrôleur poinçonnait une case par transport. Mais, lorsque le tramway était bondé, le contrôleur ne parvenait pas à poinçonner les cartes de tout le monde. C’est cela de gagné, n’est-ce pas ? Et bien, Monsieur Winston, le directeur en question, avait un clou dans sa poche pour ces cas-là en vue de faire lui-même le trou que le contrôleur n’avait pu faire.
Je suis quasi persuadé que certains pensent cette attitude exagérée. Mais si je laisse ma carte faire croire que je n’ai fait que dix trajets alors que j’en ai fait onze, mon oui est-il encore oui ?
Sans doute pourrions-nous ajouter cent autres exemples. Et nous en trouverions même dans notre propre comportement. Mais je voudrais faire un pas de plus dans mon développement. La parole de Jésus : Que votre oui soit oui… son frère Jacques a dû l’entendre plus d’une fois, car il la reprend dans son épître (5.12). Et il y ajoute un commentaire que Matthieu n’a pas repris. Il éxcrit, en effet :
Avant toutes choses, mes frères, ne jurez ni par le ciel, ni par la terre, ni par quelque autre serment. Mais que votre oui soit oui, et que votre non soit non, afin que vous ne tombiez pas sous le jugement.
Vous n’avez rien dit, mais je devine certaines réactions. Vous avez raison, le désir d’être vrai devrait suffire à nous garder de toute forme de mensonge. Alors pourquoi Jacques a-t-il recours à une menace : afin que vous ne tombiez pas dans le jugement ?
Parce que nous sommes humains et que notre désir de plaire à Dieu n’est pas toujours assez pur pour nous préserver du mal.. et que… oui, certains chrétiens pensent que, puisqu’il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, il n’y a rien à craindre.
Je suis souvent, depuis un certain temps, conduit à les contredire. Si, il y a à craindre ! Il est vrai qu’il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. Je ne vais pas contredire Paul en Romains 8.1 ! Pas de condamnation, donc, mais… il y a plusieurs manières d’être sauvé. Le même Paul, dans sa première épître aux Corinthiens (3.15) dit que certains ne seront sauvés que de justesse, comme au travers du feu ! L’apôtre Pierre, dans sa première lettre ne promet une large entrée dans le royaume à venir qu’à ceux qui n’auront pas bronché. Segond traduit « une entrée pleinement accordée ».
Pas de condamnation ? Oui, mais nous n’ »en aurons pas moins à rendre des comptes de ce que nous aurons fait du salut reçu par grâce. Paul parle deux fois d’un tribunal réservé aux enfants de Dieu. Dans l’épître aux Romains (oui, la même où il dit qu’il n’y a plus de condamnation), il l’appelle le tribunal de Dieu affirmant que nous comparaîtrons tous devant !
Et dans sa seconde lettre aux Corinthiens, il dit (5.9, 10) : C’est pour cela que nous nous efforçons d’être agréables au Seigneur… Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ. Dans quel but ? …pour nous entendre dire que nous sommes sauvés et n’avons aucune condamnation à craindre ? Non, mais ! afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu’il aura fait, étant dans son corps.
Plusieurs paraboles montrent clairement que notre manière d’utiliser les biens dont Dieu nous fait les gérants auront un impact sur notre manière d’être sauvés. L’affirmation plus d’une fois répétée dans l’Ancien Testament, selon laquelle la crainte de l’Eternel est le commencement de la sagesse n’est pas obsolète. C’est toujours la sagesse élémentaire. Je pense avoir eu ici l’occasion de souligner que les deux phrases les plus redoutables de l’épître aux Hébreux ne sont pas adressées à des impies, mais à des chrétiens. La première, c’est au chapitre 2, verset 3, quand l’auteur dit : Comment échapperons-nous si nous négligeons un si grand salut. Et la seconde est au chapitre 10, verset 31. Après avoir affirmé que le Seigneur jugera son peuple (verset 30), il écrit : c’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant. Vous pensez peut-être, comme je l’ai cru longtemps, que cela s’adresse aux incroyants. Et, pour cause, la plupart de nos versions ouvrent ensuite un nouveau paragraphe.
Sans raison, c’est aux mêmes personnes qu’il dit : Souvenez-vous de ces premiers jours où, après avoir été éclairés, vous avez soutenu un grand combat… et il ajoute d’autres attitudes qui montrent qu’ils ont été des chrétiens remarquables. Jugez-en. Ils sont allés jusqu’à accepter avec joie l’enlèvement de leurs biens, sachant qu’ils avaient des biens meilleurs et qui durent toujours. Et Paul (si j’ai raison de penser que c’est lui qui a écrit cette lettre) poursuit : N’abandonnez donc pas votre assurance, à laquelle est attachée une grande rémunération. Car vous avez besoin de persévérance, afin qu’après avoir accompli la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis.(versets 32 à 36).
Je ne pense pas que vous me contredirez si je dis que notre époque exige, plus qu’aucune autre, de la persévérance. On ne veut plus attendre. On ne veut plus devoir faire le moindre effort. On ne croit plus qu’en un Dieu si bon, qu’il n’y aura de blâme pour personne. Ce Dieu-là n’est pas celui de la Bible
Est-ce donc si difficile de fuir la corruption qui existe dans le monde par la convoitise pour faire tous ses efforts pour joindre à la foi, la vertu, à la vertu, la connaissance, à la connaissance, la maîtrise de soi, puis la patience, la piété, l’amour fraternel et la charité ? (2 Pi 1.4-7)
Non ce n’est pas difficile, c’est tout à fait impossible. Mais ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. Si nous l’aimons assez pour le désirer de toute notre volonté, si nous sommes assez humbles (et lucides) pour admettre que nous ne pouvons y parvenir par nos propres moyens… est si nous le supplions de nous en donner le pouvoir, nous verrons tout cela s’épanouir en nous, car c’est le fruit de l’Esprit, non celui de notre propre nature.
Je ne puis que reprendre ce que j’ai dit au début. Il nous faut reconnaître que notre vieille nature a été crucifiée avec Christ, supplier le Seigneur de la vérité de prendre en nous toute la place ; pour cela, aimer assez la vérité pour en faire le choix, choisir de dire ‘non’ au mensonge dont il se nourrissait… et le dénoncer en le confessant et en l’abandonnant chaque fois qu’il veut nous faire ajouter quelque chose à un vrai oui ou à un vrai non.
Que Dieu en mette la volonté au cœur de chacun de nous.