Brouzet les Alès, le 27 août 17

 

POUR COMBIEN DE TEMPS ENCORE ?

 

Deux textes de l’Écriture m’ont été proposés comme sujet de réflexion pour ce matin. L’un est tiré de la prophétie d’Ésaïe, l’autre d’un discours de Jésus rapporté par Matthieu et Luc.

Je lirai et commenterai d’abord celui-ci mais placé dans son contexte, ce que je ferai aussi pour le texte d’Ésaïe.

Voici donc Luc 11, du verset 5 au verset 13.

 Jésus leur dit encore : Si l’un de vous a un ami et qu’il aille le trouver au milieu de la nuit pour lui dire : « Ami, prête-moi trois pains, car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui offrir » et si, de l’intérieur de sa maison, cet ami lui répond : « Ne m’importune pas, la porte est déjà fermée, mes enfants et moi sommes au lit, je ne puis me lever pour te donner des, pains », je vous le dis, quand même il ne se lèverait pas pour les lui donner parce que c’est son ami, il se lèverait à cause  de son importunité et lui donnerait tout ce dont il a besoin. Et moi, je vous dis : Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe. Quel est, parmi vous, le père qui donnera une pierre à son fils, s’il lui demande du pain ? Ou s’il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent au lieu d’un poisson ? Ou, s’il demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ? Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent.

 

Il est évidemment facile de tout réduire au verset 9 et de s’en servir pour se persuader que Dieu ressemble à un distributeur automatique, … gratuit par surcroît ! Vous étonnerai-je si je vous dis que plus d’un est venu me demander de l’argent se justifiant de ce verset ?

En tant que missionnaire, je devais représenter la banque céleste… et la Bible dit : « Demandez et  vous recevrez ». Pouvais-je faire mentir la Bible ?

Laissez-moi donc dire que Jésus parle de ce qui est demandé au Père céleste et non à l’un de ses prédicateurs. Et laissez-moi ajouter qu’il s’agit de bénédictions spirituelles. Jésus les résume d’ailleurs en deux mots, le Saint-Esprit ! Faut-il en conclure que nous ne puissions demander à Dieu rien d’autre que le Saint-Esprit ― Et encore devrions-nous nous demander ce qu’il entendait par là, car notre nature serait tentée d’y voir des manifestations spectaculaires au lieu du lent travail de sanctification qu’Il désire poursuivre en nous !

Bien sûr, nos requêtes peuvent certainement toucher tous les domaines de la vie, y compris nos besoins matériels. Si nous en voulons la preuve, nous la trouverons chez Paul, dans l’épître aux Philippiens, chapitre 4, versets 6 :

Ne vous inquiétez de rien ; mais en toutes choses faites connaître vos besoins à Dieu, par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Notre malice voudrait qu’il ajoute : et Dieu répondra à tous. En d’autres termes : « Demandez et vous recevrez »… mais Ce n’est pas ce que dit l’apôtre. Il écrivait : Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ. Vos besoins ne pourront vous ôter la paix ni distraire vos pensées de l’essentiel !

Ce n’est donc pas tout à fait le distributeur automatique avec jetons gratuits. Pourtant, la réponse surpasse de beaucoup un simple exaucement. La fin de l’inquiétude et la paix de Dieu, même s’il ne répond pas à nos supplications comme nous l’avions espéré… la paix de Dieu surpasse toute intelligence, tout ce que nous pourrions imaginer.

Nous pourrions, de nos jours, citer un nombre important  de martyrs qui vivent la persécution, la prison, la séparation de tous leurs bien-aimés et, bien souvent, vont au-devant d’une mort atroce… avec au cœur, la paix de Dieu. La délivrance de l’épreuve n’était pas promise. Ils l’ont demandée sans doute… mais ne l’ont pas reçue. Par contre, la paix de Dieu, la conviction de sa présence, oui elle a été, elle est là.…

 

Revenons à la parabole que Jésus utilisait pour illustrer la promesse : « Demandez et vous recevrez ». Remarquez que l’homme qui va déranger son prochain en pleine nuit ne le fait pas à son propre avantage. Les pains qu’il réclame, ce n’est point pour lui qu’il les demande, mais pour un ami de passage. C’est un détail qu’il ne faut pas perdre de vue. C’est l’image indirecte mais très réelle de ce que la Bible appelle l’intercession. Prier pour les besoins d’autrui. Elle passe bien sûr aussi par la quête de possibilités ou de qualités qui puissent nous rendre utiles aux autres. Mais elle n’a rien d’une prière égocentrique. Et là, Jésus semble bien dire : « Insistez, importunez le Maître, ne cessez pas de demander. » La différence ? Je pense que vous la sentez, en quelque sorte. Mais prenons un exemple : Un couple va mal. Le mari prie Dieu de changer les dispositions de son épouse, d’en adoucir le caractère. C’est pour lui qu’il prie ; pas pour elle.  Jusqu’à ce qu’il dise : « Seigneur, accorde-moi la grâce de comprendre ses problèmes, d’agir envers elle avec sagesse et compréhension afin qu’elle se sente rassurée, valorisée à mes côtés ». Laquelle de ces prières a le plus de chances d’être exaucée ?

Il y a aussi, dans le commentaire de la parabole, une restriction indirecte qu’il ne serait cependant pas sage d’oublier. Jésus dit : si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants…. Je pourrais disserter sur ‘méchants comme vous l’êtes’ parce qu’évidemment, nous ne nous y reconnaissons pas. Mais Jésus ne veut pas dire qu’ils parle à des gens plus méchants que d’autres, mais à des personnes qui le sont forcément parce qu’il n’y a pas de juste, pas même un seul. Salomon de disait déjà clairement : Non, il n’y a, sur la terre, point d’homme juste qui fasse le bien et qui ne pèche jamais (Ecclésiaste 7.20). Pourtant, le bien existe… vous savez donner à vos enfants, de bonnes choses.

Peut-être avez-vous compris où je voulais en venir. Quand Jésus dit : Demander et l’on vous donnera, il n’invite pas à demander n’importe quoi avec la certitude de le recevoir. Il parle de choses bonnes.

Quand il dit : « Donnera-t-il un serpent à qui demande un poisson ? il établit une règle. Quand il s’agit de Dieu, il n’y a d’exaucement que si la chose demandée est bonne. J’aurais envie, sans tricher, de retourner la phrase et dire. Si l’enfant demande un serpent, le père le lui donnera-t-il ? Ne lui proposera-t-il pas plutôt un poisson ou un œuf ? Jacques disait aussi : Vous demandez et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions  (4.3).

Par contre, si vous demandez bien… non pour satisfaire vos passions, votre ambition, votre propre satisfaction, mais de quoi secourir le prochain, si vous demandez la capacité de glorifier Dieu par votre vie, autrement dit si vous cherchez le bien d’autrui et la gloire de Dieu seul… alors, oui, demandez et vous recevrez.

 

Est-il besoin de dire que ce n’est pas si simple ? La recommandation de Jésus ne se contente pas de dire : demandez.. Il y a aussi : ‘cherchez’ et ‘frappez’. Ce n’est pas une simple répétition. Demander de manière à être entendu est le fruit d’une recherche. Qu’est-ce qui est vraiment conforme à la volonté de Dieu ? Qu’est-ce qui correspond à Ses désirs ? Pour y parvenir, il faut nous mettre à son école, sonder sa Parole, lui donner du temps et une volonté réelle de trouver pour obéir.

Frapper, c’est se mettre en branle. Il ne suffit pas d’être devant la bonne porte, il faut se décider à y frapper. Il nous est arrivé à tous, je pense, d’être devant une porte, d’avoir fait le chemin jusque-là et d’hésiter à heurter le bois ou à appuyer sur la sonnette. Hésitations ? Timidité ? Peur ? Bien des raisons peuvent couper notre élan. Jésus dit : Frappez. N’hésitez plus, laisser vos peurs, faites le pas.

 

Oui, bien sûr… mais aller réveiller le voisin à minuit, alors qu’ils sont au lit, lui et tous les siens… est-ce vraiment le moment ? Je pense que cette question nous porte à sa manière au texte d’Ésaïe 55. Il y est question de bon moment …  ou de mauvais, en filigrane. Mais on y retrouve l’invitation à chercher l’Éternel :  Lisons-le dans son contexte comme promis (versets 4 à 9) :

Voici, j’ai établi David comme témoin auprès des peuples. Voici tu appelleras des nations que tu ne connais pas et les nations qui ne te connaissent pas accouront vers toi, à cause de l’Éternel ton Dieu, du saint d’Israël, qui te glorifie.

Cherchez l’Éternel pendant qu’il se trouve ; invoquez-le tandis qu’il est près. Que le méchant abandonne sa voie, et l’homme d’iniquité ses pensées ; qu’il retourne à l’Éternel qui aura pitié de lui, à notre Dieu qui ne se lasse pas de pardonner. Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes voies ne sont pas vos voies, dit l’Éternel. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées.

 

Le texte fait s’évanouir plus d’une de nos raisons d’hésiter à frapper à Sa porte. « J’ai si souvent commis les mêmes erreurs… puis-je encore une fois réclamer son pardon ? Je me sens si indigne de lui… Dieu ne peut plus m’entendre, m’écouter… ». Seulement voilà, Ses pensées n’ont rien de commun avec les miennes. Il ne se lasse pas de pardonner.

 

On ne sait à quel moment précis Ésaïe a écrit ces lignes. Son service de prophète s’est étendu sur le règne de trois et même plus probablement quatre rois de Juda, d’Ozias à Manassé. Je n’accepte évidemment pas la thèse de la Haute Critique qui attribue les chapitres 40 à 55 à un deutéro-Ésaïe et les chapitres 56 et suivants à un troisième pseudo- Ésaïe !

Si nous avons raison de mettre notre texte sous le règne d’Ézéchias, Juda vivait une période relativement calme, sorte de répit prolongé avant le règne dramatique et sanglant de son fils Manassé. Sous ce dernier, il allait être difficile d’adorer l’Éternel et les jugements de Dieu tomberaient bientôt dans toute leur rigueur.

Puis suivrait un long silence de Dieu d’une durée de trois cents ans. Plus de prophète, plus de révélations, plus de consolation… Il est vrai qu’il y aurait d’abord le réveil de Josias. En tous cas, lorsqu’Ésaïe écrivit ces lignes, Dieu était encore accessible. Il n’avait pas cessé de parler, particulièrement par la bouche et la plume du prophète. Voilà le sens de l’exhortation : Cherchez l’Éternel pendant qu’il se trouve, invoquez-le tandis qu’Il est près.

Je n’ai sans doute pas besoin de dire que cela signifie que le moment propice, était un ‘maintenant’ et  que viendrait le temps où le chercher serait difficile sinon impossible. Les choses sont-elles différentes pour nous ? Non. Il est près, il se laisse trouver… mais cela ne durera pas.

La Bible contient des exemples qui illustrent la nécessité de ne point attendre. Quand Dieu voulut sauver Lot et sa famille du jugement de Sodome, il y envoya deux anges qui durent insister et même les prendre quasiment de force pour les y arracher. Le texte de la Genèse dit : Comme il tardait, les hommes (nom donné ici aux deux anges) le saisirent par la main, lui, sa femme et ses deux filles car l’Éternel voulait le sauver…Ils lui dirent : Ne t’arrête pas ; ne regarde pas en arrière, sauve-toi vers la montagne de peur que tu périsses. (Genèse 19.16, 17). L’avertissement était sérieux. Sa femme regarda en arrière, hésitations, regrets, elle fut changée en statue de sel. Quelle fin tragique ! C’est tandis qu’il se laisse trouver qu’il faut chercher Dieu.

Pharaon tira aussi longtemps sur la corde. Les plaies envoyées par Dieu le faisaient réfléchir et il en venait parfois à sembler convaincu, mais il endurcissait volontairement son cœur. Lors de la sixième plaie (vous savez, bien sûr, qu’il y en eut dix), le texte dit encore que Pharaon s’endurcit. Six fois, malgré les jugements divins, les preuves du juste courroux de Dieu, le pharaon refusa d’obéir à ce que Dieu lui demandait. Mais lors de la septième plaie, le récit dit à trois reprises : (Exode 9.12 ; 10.1, 20) : L’Éternel endurcit le cœur de Pharaon. Auparavant, c’était : Pharaon endurcit son cœur. Maintenant, Dieu ferme la porte. Un seuil était franchi. Pharaon eut-il voulu capituler qu’il ne l’aurait pu ; car c’est Dieu lui-même qui endurcissait son cœur.

Un autre exemple bien parlant : le peuple d’Israël. Après de multiples infidélités et des siècles de patience divine, il ne reconnut pas son messie lorsqu’il apparut. Lui aussi, dans son ensemble, allait franchir le cap. Matthieu 13 rapporte comment Jésus parlait en paraboles. Contrairement à ce que l’on dit parfois, ce n’était pas afin qu’on le comprenne mieux, mais pour ne pas être compris. Écoutez les versets 13 et 14 : Je leur parle en paraboles parce que voyant, ils ne voient point, et qu’en entendant, ils n’entendent ni ne comprennent. Et pour eux s’accomplit cette prophétie d’Ésaïe : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; vous regarderez de vos yeux et vous ne verrez point. Car le cœur de ce peuple est devenu insensible. Ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux.

Ici encore, Dieu ne parlait plus, sinon de façon incompréhensible pour ceux qui avaient endurci leur cœur.

Il est encore temps. Mais quelle heure est-il à l’horloge du monde ?

Il nous reste une certaine liberté de penser et de croire. L’Islam n’est pas encore entièrement maître de nos destinées. Mais bien des régions sont déjà sous sa juridiction sans que la police nationale ait encore quelque chose à dire ou la possibilité de s’y montrer.

Nos gouvernants nous laissent encore une portion de liberté d’expression. Mais la question de conscience n’est déjà plus un droit, dans bien des domaines. Résister à l’influence des médias est quasi impossible. Sur le plan moral, le pire s’est installé et ce que Dieu regarde comme une abomination est imposé partout. Il s’est même introduit jusque dans bien des églises.

L’intolérable est toléré, voire encouragé. Le péché est instauré en style de vie et revendiqué au lieu d’être confessé. Telle est la situation qui  doit précipiter les derniers jugements divins. Apocalypse 9 les énumère succinctement : Un tiers des hommes périra. Or les hommes refuseront de se repentir. Se repentir de quoi, direz-vous. Les versets 20 et 21 disent :  Les autres hommes qui ne furent pas tués par ces fléaux ne se repentirent pas des œuvres de leurs mains, de manière à ne point adorer les démons, et les idoles d’or, d’argent, d’airain de pierre et de bois qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher (cela ne ressemble-t-il pas au matérialisme et à la quête insensée des biens terrestres ?),  et ils ne se repentirent pas de leurs meurtres, ni de leur pratiques occultes, ni de leurs relations sexuelles hors mariage, ni de leurs vols.

Dieu patiente et vous serez d’accord que l’on dise que sa patience est infinie. Mais ce qu’il faut entendre maintenant, c’est, au contraire, qu’elle a des limites. Si elle n’en avait pas, elle ne serait plus de la patience, mais de l’indifférence. Et Dieu est tout, sauf indifférent.

 

L’heure de l’histoire, ce qui l’indique, c’est l’apostasie (cf. 2 Th 2.3), l’abandon de Dieu et de sa loi au sein de son peuple et des églises. L’heure, c’est Israël qui l’indique. Nous l’avons vu, le texte d’Ésaïe 55 parle de son rétablissement, mais suppose en même temps le long calvaire qui doit précéder. Luc rapporte, au chapitre 21 de son évangile, le discours eschatologique du Seigneur annonçant la destruction de Jérusalem et le fait qu’elle serait ensuite foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis (v. 24). Voici déjà  quelques décennies qu’Israël y a repris ses droits. Si le temps des nations n’est pas accompli, il est sur le point de l’être. Les jugements apocalyptiques sont à la porte.

 

De l’amour fraternel, Paul disait aux Romains. Cela importe d’autant plus que vous savez en quel temps nous sommes. (13.11).

Savons-nous en quel temps nous sommes ? C’est maintenant, sans plus attendre, qu’il nous faut faire de la recherche de Dieu, de sa pensée, de ses projets pour nous, l’objet de nos demandes, de notre quête, de notre engagement : demander, chercher, frapper…

Tout est aujourd’hui électroniquement, scientifiquement, physiquement et moralement mûr pour qu’apparaisse et s’impose le contrôle absolu qui doit caractériser le règne de l’homme de péché, le dictateur universel de la fin des temps.

 

Nous sommes en sursis. Ne le ratons pas. Un homme que j’avais eu pour copain au temps de notre jeunesse avait tout entendu, mais s’était détourné de Dieu. Des années après, il m’écrivait  à peu près ces lignes tragiques : « J’ai tardé. Je savais que je devais me repentir. Je ne l’ai pas fait. Maintenant que la mort est proche, je le voudrais. Mais ce n’est plus possible. J’ai essayé en vain. C’est trop tard ! »

 

Cherchez l’Éternel pendant qu’il se trouve, Invoquez-le tandis qu’il est près.

Aujourd’hui, pas demain.