LES TRÈS GRANDES ET LES TRÈS PRÉCIEUSES PROMESSES

 

Il y a deux semaines, j’ai été conduit à commenter 2 Pierre 1.3-11. Ce passage est tellement riche que je m’y réfèrerai et nous allons le lire, mais pour aller plus loin et répondre à une demande qui m’a été faite et qui concerne les fins dernières.

Je viens tout juste, en effet, de découvrir un détail du chapitre 21 de l’Apocalypse qui ne m’avait jamais vraiment parlé jusqu’ici mais qui est loin d’être sans rapport avec le texte de la seconde épître de Pierre. Comme promis, je retourne à celui-ci et vous propose ma traduction :

Sa divine puissance nous a fait don de toutes choses qui contribuent à la vie et à la piété par la pleine connaissance de celui qui nous a appelés par sa propre gloire et sa propre vertu, au moyen desquelles nous ont été données les très précieuses et très grandes promesses afin que, par elles, vous deveniez participants de la nature divine, ayant fui loin de la corruption,  (présente) dans le monde par la convoitise. De même, ayant tout mobilisé avec empressement, joignez à la foi la vertu, à la vertu la  connaissance, à la connaissance la maîtrise de soi, à la maîtrise de soi la persévérance, à la persévérance la piété, à la piété l’amour fraternel, à l’amour fraternel la charité. En effet si ces choses se trouvent et croissent en vous, elles ne vous laisseront pas inactifs et stériles pour la pleine connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. Celui en qui ces choses ne sont point est aveugle, [pour le moins] myope. Il a mis en oubli ses péchés d’autrefois.

C’est pourquoi, frères, empressez-vous d’autant plus à rendre fermes votre appel et votre élection. Ce faisant, vous ne trébucherez certainement pas. [Important !] car ainsi, l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera richement accordée.

La première phrase est terriblement longue, mais y introduire un point eut été difficile, car c’est une seule exhortation où chaque élément dépend en quelque sorte de tous les autres. Essayons de résumer : Dieu, en notre Seigneur, nous a donné tout ce qui est nécessaire à la vie spirituelle et à la piété. Le but, l’objectif, en est la pleine connaissance personnelle de notre Seigneur Jésus-Christ. Mais, en vue de cela, il nous est nécessaire de nous empresser de mobiliser le tout, car c’est dans la mesure où toutes ces vertus sont en nous, c’est-à-dire dans la mesure où nous nous les sommes appropriées, qu’elles pourront s’exprimer et y croître. Alors naîtra entre le Seigneur et nous une totale communion que j’appellerais volontiers une sorte de connivence.

Si ce n’est pas le cas, si ces vertus ne sont pas en nous ou n’y croissent point, nous sommes myopes, écrit Pierre,  nous ne voyons guère plus loin que le bout de notre nez… et la promesse d’une riche entrée dans le royaume de notre Seigneur n’est pas pour nous.

Dans l’original de ce passage se  trouve un verbe que Pierre semble aimer, car il l’emploie 4 fois dans cette petite épître― et 1 fois le substantif.

Deux fois (plus le substantif), c »est au premier paragraphe du premier chapitre et deux fois au dernier paragraphe du dernier chapitre. Dans le premier, le verbe et le substantif sont liés à ce que Pierre appelle les très grandes et très précieuses promesses et, dans le dernier, au du ‘Jour du Seigneur et au Jour de Dieu’. Il serait difficile de douter du fait que ces vérités sont liées. Il découle que les grandes et précieuses promesses concernent les fins dernières.

Pour ne pas me perdre (ou vous perdre) j’ai l’impression qu’il faudrait pouvoir tout dire en même temps, ce qui n’est évidemment pas possible.

Revenons un peu en arrière. Dans le paragraphe que je vous ai lu, nous avons vu que l’objectif est de parvenir à une pleine connaissance de Notre Seigneur. Bien sûr, il nous faut connaître les choses qui concernent l’œuvre de salut accomplie par le Seigneur (les connaître constitue même le point de départ de toute la démarche. Et Pierre les résume dans l’expression : la pleine connaissance de celui qui nous a appelés). Mais je soulignais,il y a quinze jours, qu’il ne s’agit pas simplement de cette connaissance-là mais bien plus encore de la connaissance de Sa personne (On peut, vous le savez, connaître tout d’une personne et na pas la connaître elle-même !). Le connaître et la puissance de sa résurrection était ce pour quoi Paul regardait tout le reste comme de la boue (Philippiens 3).

Or, le connaître est encore la préoccupation de Pierre au chapitre 3, puisqu’il termine l’épître par cette recommandation : Vous donc, bien-aimés, qui êtes avertis, mettez-vous sur vos gardes, de peur qu’entraînés par l’égarement des impies, vous veniez à déchoir de votre fermeté. Mais croissez dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. À lui soit la gloire, maintenant et jusqu’au jour de l’âge.

Et c’est dans ce même dernier paragraphe qu’il utilise le même verbe ‘empressez-vous : C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant ces choses, empressez-vous d’être trouvés par lui sans tache et irrépréhensibles dans la paix.

En attendant, écrit-il. Mais en attendant quoi ? Je vous ai dit qu’il y parle du jour du Seigneur  et du Jour de Dieu.  Pour bien comprendre, remontons à la fin du paragraphe précédent. Je lis donc du verset 10 au verset 14 :

Le Jour du Seigneur viendra comme un voleur ; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se désintégreront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée
Puisque donc toutes ces choses doivent se désintégrer, quels ne devez-vous pas être par la sainteté de la conduite et par la piété, attendant et hâtant l’avènement du Jour de Dieu, jour à cause duquel les cieux enflammés se désintégreront et les éléments embrasés se fondront ? Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera.
C’est pourquoi, bien-aimé, en attendant ces choses, empressez-vous d’être trouvés par lui sans tache et irrépréhensibles dans la paix.

Deux choses sont attendues. La première est le retour du Seigneur pour être rencontré par les siens dans les nuées et pour établir son règne ici-bas. Jésus disait déjà que nous n’en connaissons ni le jour ni l’heure mais qu’il viendra comme un voleur. Ce Jour du Seigneur, Pierre ne le mentionne que pour souligner, en passant, qu’il se terminera par la destruction des cieux et de la terre pour faire place à de nouveaux cieux et à une nouvelle terre.

Nous devons donc faire une distinction nette entre ce que l’on appelle généralement le règne messianique qui est ce Jour du Seigneur et la nouvelle création où le Christ aura remis le règne à son Père en vue de ce que Pierre nomme le Jour de Dieu. C’est le message important de 1 Corinthiens 15.22-28. – Comme quoi ces distinctions apparaissent déjà dans les premières lettres de Paul-. Parlant des résurrections, il y écrit :

…tous revivront dans le Christ, mais chacun en son propre rang. Christ comme prémices, puis ceux qui lui appartiennent, lors de sa parousie (sa venue en gloire) ; ensuite la fin (le reste) quand il remettra le Royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir détruit toute domination, toute autorité et puissance. Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous les ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi qui sera vaincu, c’est la mort. …/… Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même sera soumis à celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous.

En soulignant  ces faits, nous avons, il me semble, montré le lien qui existe entre la perspective des âges à venir (ces deux jours bénis) et ce que Pierre appelait les très grandes et les très précieuses promesses. Et c’est dans cette perspective qu’il insiste, tout d’abord en disant : « Avec empressement, mobilisez tout ce qui vous est donné pour joindre à votre foi : vertu, connaissance, maîtrise de soi, piété, persévérance, amour fraternel, charité ».

Et c’est dans la même perspective qu’il dit, au chapitre 3 : Empressez-vous  d’être trouvés par Lui saint et irrépréhensibles…

On y retrouve ce fameux verbe que j’ai dit du goût de Pierre, verbe qui signifie plus largement, à la fois, ‘s’appliquer sans attendre’, mais aussi ‘désirer ardemment.’

Que dit l’Apocalypse de ce que Pierre appelle les très grandes et belles promesses ? Dés le deuxième chapitre (verset  26 à 28, on trouvait, dans la lettre à Thyatire, une promesse faite aux vainqueurs. Il était question de régner avec le Christ. Je lis cette promesse :

À celui qui vaincra et qui gardera jusqu’à la fin mes oeuvres, je donnerai autorité sur les nations. Il les paîtra avec une verge de fer, comme on brise les vases d’argile, ainsi que moi-même j’ai reçu le pouvoir de mon Père. Et je lui donnerai l’étoile du matin.

Dans celle à Laodicée (3.21), la promesse est celle-ci:

Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j’ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône.

Est-ce que nous n’aurions pas besoin d’entendre la suite : Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux églises ? Si souvent nous lisons ou citons les dites promesses comme si elles étaient faites sans distinction à tous les croyants nés de nouveau !

Si nous avons une connaissance sans a priori des trois derniers chapitres de l’Apocalypse, Nous savons que l’on y trouve, au chapitre 20, d’une part le règne du Fils avec les vainqueurs et les martyrs, s’achevant par la défaite des derniers ennemis du Seigneur dont la mort et, au chapitre 21, la vision de la nouvelle terre et des nouveaux cieux. Mais je confesse que le verset 7 qu chapitre 21, je ne l’avais pas vraiment pour le moins écouté jusqu’à maintenant.

Arrêtons-bous un peu sur ce chapitre 21. Les cinq premiers versets  dressent un bref mais saisissant tableau général de cette nouvelle création. Ils concernent toutes choses faites nouvelles (v. 5). L’on est en droit de penser que ‘toutes choses’, ce sont aussi tous les rachetés.

Mais voici que le verset 7, rappelant les lettres aux églises des chapitres 2 et 3, commence par les mots : Celui qui vaincraet, comme dans plus d’un autre passage, mentionne un héritage. Le verset dit :

Celui qui vaincra héritera ces choses, je serai son Dieu et il sera mon fils.                   On aurait peut-être raison, ici, de se rappeler la distinction que Paul fait, dans ses épîtres, entre la position d’enfant (littéralement de’ tout petits’) et celle de fils. Il est vrai aussi que, parlant des lâches, des  incrédules, des abominables des meurtriers, des impudiques, des enchanteurs, des idolâtres et de tous les menteurs, Jean semble retourner en arrière puisqu’il dit que leur part sera dans l’étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la mort, la deuxième.

Immédiatement après, il est question de la Nouvelle Jérusalem mais paraissant bien être le dit héritage. Les vainqueurs y seraient entrés au commencement du règne messianique, alors que cette nouvelle Jérusalem était encore dans les cieux, et en jouiraient aussi durant le Jour de Dieu après qu’elle soit descente des cieux. C’est ce que pense C. H. Welch. Et cela me semble digne de réflexion.

Une question qui n’est pas sans importance découle de toute façon du verset 7 : Sur la nouvelle terre, une distinction parmi les rachetés pourrait-elle demeurer avec une place particulière pour les vainqueurs, que je suis tenté de confondre avec les fils ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas exclu, surtout à la lumière d’Hébreux 12.22, 23.

Et c’est là que je reviens au texte de 2 Pierre 1 qui m’a fait dire, il y a deux dimanches, qu’il y a deux sortes de chrétiens : Ceux qui sont juste sauvés… ou ‘sauvés de justesse’ et ceux à qui une riche entrée sera accordée dans le royaume.

Les premiers, on les trouve  en 1 Corinthiens 3. Paul vient d’écrire, au verset 12 : Si quelqu’un bâtit sur ce fondement avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l’œuvre de chacun sera manifestée ; car le jour la fera connaître, parce qu’elle se révèlera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu’est l’œuvre de chacun.  Et voici qu’il ajoute : Si l’œuvre bâtie par quelqu’un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l’œuvre de quelqu’un est consumée, il perdra sa récompense. Pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu.  Ces derniers sont ceux que j’appelle « les sauvés de justesse ». On leur a peut-être enseigné qu’il suffit de croire et que tout, dès lors, est acquis. C’est à la fois vrai et faux. C’est vrai en ce que Jésus a tout accompli afin que nous soit donné tout ce qui contribue à la vie et à la piétécomme le dit Pierre.  Mais c’est faux en ce que le fait de tout avoir en droit, mais rien n’avoir saisi en fait, ne sert strictement à rien. La position que Dieu nous a acquise, nous n’en disposons réellement que si nous l’avons fait nôtre par un acte de foi. On sait bien que Dieu a tout accompli pour le pardon des péchés de tous les hommes (même si les calvinistes le contestent partiellement). Mais nous ne sommes pourtant au bénéfice du pardon que lorsque nous le croyons pour nous-mêmes. Il en est ainsi de toutes les grâces que Jésus nous a acquises. Que sert-il d’avoir tout en Christ si nous ne mobilisons pas tour pour faire de notre foi une expression de vie ?

J’en viens à cette vérité que je n’avais pas développée précédemment. Elle sera ma conclusion.

Pierre dans le paragraphe lu au début nous dit que nous devons joindre à notre foi la vertu, à la vertu la connaissance, à la connaissance la maîtrise de soi, à la maîtrise de soi la patience, à la patience (ou persévérance), la piété, à la piété l’amour fraternel et à l’amour fraternel, la charité et que si ces choses sont en nous et croissent, elles ne nous laisseront pas oisifs ni stériles pour la connaissance de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Mais il y a une condition préalable et combien il eût été dommage que je l’oublie ! Avant de dire : « ces choses mobilisez-les avec empressement »,Pierre avait écrit : … ayant fui loin de la corruption (présente) dans le monde par la convoitise…

Cela signifie qu’il y a un choix initial à faire une fois pour toutes et pourtant à refaire à tous moments : Fuir et chercher. Fuir le monde, ses attraits trompeurs, fuir toute occasion de tentation, tous les lieux atteints par la corruption, tout ce qui pourrait nourrir la convoitise ou permettre de la satisfaire

Alors seulement, mobiliser tout ce que Dieu, en Jésus-Christ nous a acquis et a mis à notre disposition pur en enrichir notre foi. Dire non au monde et fuir loin de lui est le début sine qua non du processus de sanctification.

 

Que pensons-nous ? Que, finalement, être sauvé de justesse, ce n’est déjà pas si mal que ça ? Cela signifierait au moins que nous n’aimons pas notre Seigneur, que nous ne pensons qu’à échapper au pire, mais pas à la joie de lui faire plaisir!

Ce serait surtout faire la preuve que nous n »avons pas choisi entre le monde et Dieu. Mais n’oublions pas qu’aimer Dieu est incompatible avec l’amour du monde et des choses qui sont dans le monde. Jacques va jusqu’à écrire: l’amour du monde est hostilité contre Dieu. (d’un mot grec qui signifie être l’ennemi).

Ce n’est évidemment pas les promesses de récompense qui doivent motiver notre désir d’être parmi les vainqueurs… Je dirai, ce n’est même pas l’excellence inouïe de ces promesses, c’est l’amour.

Finalement, la vraie question est celle que Jésus posait à Pierre : M’aimes-tu plus que m’aiment ceux-ci ?  L’apôtre y repensait-il quand il écrivit cette seconde épître ? Vraisemblablement. Car c’est cet amour-là, un amour qu’il n’osait affirmer posséder, et que, dans sa lettre, il cite en fin de liste des vertus à joindre à la foi parce qu’elle est la plus importante et parce quelle est l’expression parfaite de ces choses qui la mettront en actions.