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UNE « FOI DE RESURRECTION »
Cependant Saul, respirant encore la menace et le meurtre contre les disciples du Seigneur, se rendit chez le souverain sacrificateur et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s’il trouvait des partisans de la nouvelle doctrine, hommes ou femmes, il les amenât liés à Jérusalem. Comme il était en chemin, et qu’il approchait de Damas, tout à coup une lumière venant du ciel resplendit autour de lui. Il tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait: Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il répondit : Qui es-tu, Seigneur? Et le Seigneur dit : Je suis Jésus que tu persécutes.
Actes 9.1-5
Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, la charité ; mais la plus grande de ces choses, c’est la charité.
1 Corinthiens 13.13
Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu! Et nous le sommes. Si le monde ne nous connaît pas, c’est qu’il ne l’a pas connu. Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté; mais nous savons que, lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui-même est pur.
1 Jean 3.1-3
Je trouve difficile de parler de la résurrection. Non parce que j’aurais des doutes sur l’événement lui-même, mais les croyants ressemblent tellement à tout le monde… Et j’entends ce qu’un incroyant pourrait dire : N’en parlez pas, vivez-le ! Nous avons si peu l’impression de le vivre. Peut-être, cependant, le vivons-nous plus que nous le croyons.
Je vais parler de la résurrection à partir de trois clés : la Foi, l’Espérance et l’Amour.
- La résurrection et la Foi
Saul de Tarse croyait en Dieu, mais il ne croyait pas en Jésus. Il n’avait pas la Foi. Il croyait vraisemblablement, comme d’autres, qu’on avait dérobé le corps de Jésus pour faire croire qu’il était ressuscité. Il était en colère contre les disciples de Jésus car ils avaient créé du trouble. Saul traitait sans ménagement ces disciples et il mettait en prison ceux dont il pouvait se saisir.
Un jour, Saul entend une voix qui lui dit : – Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Saul répond : – Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur lui dit : – Je suis Jésus que tu persécutes.
Ce récit n’est- un songe ni une parabole. C’est le récit d’un événement.
Quand se situe cet événement ? Il se situe après la résurrection et même après l’Ascension de Jésus, c’est-à-dire dans la même étape de l’histoire du Salut que celle que nous vivons actuellement. Jésus était déjà assis à la droite de son Père, et il intercédait déjà pour les siens, comme il le fait maintenant encore.
En quelques secondes, Saul y apprit deux vérités qui allaient bouleverser sa vie. La première, c’est que ce Jésus que Saul croyait mort est bel et bien vivant, capable de l’appeler par son nom. Jésus parlait au présent : – Je suis Jésus que tu persécutes.
Vous remarquez qu’il ne s’agit pas d’un long raisonnement, d’une longue démonstration. Il s’agit d’une rencontre, d’une théophanie, une révélation. Il y a une voix qui se fait entendre, il y a aussi une lumière qui éclaire (et qui aveugle !). Cela rappelle la rencontre de Moïse avec le buisson ardent dans le désert (Ex 3), ou celle des disciples d’Emmaüs avec Jésus (Lc 24). Tous ceux qui connaissent Jésus ont fait cette rencontre, d’une manière ou d’une autre. – Que veux-tu que je fasse ? demande Saul avec effroi. Le Seigneur lui dit : – Lève-toi, entre dans la ville et on te dira ce que tu dois faire.
Nous sommes dans le registre de la Foi, la Foi qui saisit et qui se met en route, comme le fit Abraham, comme le firent les disciples de Jésus. La foi qui se conjugue au présent : Je sais que mon Rédempteur est vivant ! (Job 19.25). La foi qui repose sur un triple témoignage : celui de l’Ecriture, celui du Saint-Esprit dans le cœur, et celui des frères et des sœurs chrétiens autour de nous.
Cette foi suppose plus qu’une rencontre : elle suppose une forme d’union avec Jésus dans sa mort et dans sa résurrection (Ro 6.5). Cette union est le cœur de la vie chrétienne. La foi chrétienne est une foi de résurrection !
- La résurrection et l’Amour
Saul a appris deux choses, ai-je dit. La première, c’est que Jésus est bel et bien vivant (plus vivant que n’importe qui, pourrions-nous dire !) La seconde, c’est que Jésus est tellement uni à ses disciples, que ce que l’on fait à l’un d’entre eux, c’est à Lui qu’on le fait. Même à un petit disciple de rien du tout ? Même à un petit disciple de rien du tout ! – Je suis Jésus que tu persécutes ! Saul persécutait des chrétiens ordinaires.
C’est là une autre dimension de la résurrection de Jésus : dans et au travers de ses disciples, où qu’ils soient constituant son corps. Mon corps, c’est moi : si j’ai mal au ventre, ou au dos ou au doigt, je dis bien : J’ai mal !
Vois êtes un corps de Christ et vous en êtes membres, chacun pour sa part (1 Co 12.27). Souvent nous pensons : Nous sommes le corps (sur la terre) et Jésus est la tête (au Ciel). Ce n’est pas tout à fait faux, mais ce n’est pas tout à fait juste non plus : la tête et le corps ne peuvent pas être détachés l’un de l’autre. Paul le dit : De même que les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il de Christ ! (1 Co 12.12). Ici, il parle d’un corps qu’il dit ‘du Christ’ ! Je suis Jésus que tu persécutes.
C’est cela aussi la résurrection de Jésus. C’est très concret, avec cette incidence que je rappelle : ce qui nous touche, en tant que chrétiens, touche Jésus, directement, beaucoup plus que nous le croyons. Remarquez que c’est une vérité que l’on trouve dans toute la Bible. Qui vous touche touche la prunelle de mon œil (Za 2.8). Dieu le disait à Israël, son épouse. L’Epoux et l’épouse ne font qu’un !
Cela concerne l’attitude des non-croyants envers les chrétiens. Mais cela concerne aussi et d’abord nos relations mutuelles : l’Amour entre nous, ce lien de la perfection (Co 3.14). C’est là le lien que je vois entre la résurrection et l’Amour. L’Amour chrétien n’est pas un amour naturel ou une morale : c’est l’Amour même du Seigneur pour nous. L’Amour de Dieu est versé dans nos cœurs par le Saint-Esprit, dit Paul (Ro 5.5).
Jésus a dit à ses disciples : De l’Amour dont je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. L’amour chrétien c’est l’amour même de Jésus, et l’amour de Jésus c’est l’Amour de Dieu (Ro 5.5). En fait, il n’y a qu’un Amour ; le reste est imitation… Et Jésus ajoute : À l’Amour que vous aurez les uns pour les autres, tous verront que vous êtes mes disciples (Jn 13). Vous voyez le lien entre l’Amour et la résurrection ?
L’Amour chrétien est un amour de résurrection !
Quand j’aime et visite mon frère ou ma sœur chrétiens, c’est Christ que j’aime et que je visite, et c’est Christ qui l’aime et qui le/la visite ! C’est grand !
- La résurrection et l’Espérance
La Foi et l’Espérance sont proches bien sûr, mais ce sont aussi des réalités distinctes, puisque Paul dit : Les trois demeurent, la Foi, l’Espérance et l’Amour (1 Co 13.13).
La Foi se conjugue au présent ; l’Espérance se conjugue au futur. Heureux (maintenant) ceux qui pleurent, c’est le registre de la Foi, au présent. Car ils seront consolés (un jour), c’est le registre de l’Espérance. Les deux sont fortement liés.
Jean écrit : Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu (1 Jn 3.2a). Le verbe est au présent, c’est une réalité à saisir et à vivre dès à présent par la foi.
Quand il ajoute (c’est la deuxième partie du verset) : Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté, mais nous savons que lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est (3.2b), les verbes sont au futur ; ce n’est pas encore. C’est une réalité qui est du domaine de l’Espérance. Il faut les deux.
La résurrection de Jésus-Christ a bel et bien déjà eu lieu, spirituellement parlant, la nôtre avec lui, nous l’avons rappelé.
Mais notre résurrection est aussi du domaine de l’Espérance : nous n’avons pas encore revêtu le corps incorruptible et notre corps de chair se détruit peu à peu, vous l’avez sans doute remarqué.
Aujourd’hui, la Foi est plus facile à saisir que l’Espérance parce que nous aimons ce qui est pour tout de suite. La Foi, même les incroyants l’admirent parfois. Mais l’Espérance, même les croyants ont de la peine à la saisir…
En réalité, l’Espérance a autant d’implications pour notre vie chrétienne, que la Foi. Par exemple, dans le domaine de la sanctification: Celui qui a cette Espérance se purifie comme [Jésus] lui-même est pur (1 Jn 3.3). C’est se préparer !
La Foi permet de marcher ; l’Espérance permet de persévérer, notamment dans l’épreuve. Cela signifie par exemple que si tout venait à contredire notre foi autour de nous – et cela peut arriver – il resterait l’Espérance, comme une ancre de l’âme (Hé 6.19). C’est ce qu’a vécu Abraham quand Dieu lui a demandé de sacrifier son fils Isaac. Il l’a retrouvé comme par une sorte de résurrection, dit la Bible (Hé 11.19).
C’est dans ce sens que Paul parle des légères afflictions du moment présent (2Co 4.17). Non pas qu’elles soient légères ; elles sont légères comparativement à la gloire qui nous est réservée. C’est cela, l’Espérance. Les chrétiens persécutés savent ce que cela signifie.
L’Espérance permet de posséder déjà ce qui nous manque encore. En ce sens, elle est le soutien de la Foi ! Elle est aussi le soutien de l’Amour chrétien, qui est un amour de résurrection !
La foi est avant tout de résurrection et la résurrection est de foi, d’espérance et d’amour. Nous en vivons dans l’unité avec Christ et les frères. C’est un aspect capital de l’œuvre du Christ en nos cœurs.
Charles NICOLAS